Ptayz-Orca

PTAYZ-ORCA

Le soleil se levait sur le désert profond d’Orcum inondant doucement la jeune cité de Ptayz-Orca. Cette cité qui n’était qu’un campement quelques jours auparavant commençait à sortir des sables. Lentement, les tentes de peaux de chèvres étaient remplacées par des maisons en bois de micocouliers.
Au centre du village, l’oasis. L’eau, si précieuse aux nomades. L’eau qui abreuve les troupeaux et irrigue les cultures. L’eau, source de la vie…
L’oasis de Ptayz-Orca n’est pas très grande, mais très suffisante pour la communauté. A côté du point d’eau se dressait la résidence de l’Oblath du clan, la première construite.

Très peu de femmes étaient Oblath, et une des dernières fut Khadija, la Louve qui connut une fin tragique. Les femmes ne bénéficiaient d’aucuns droit dans la société orcumienne. Et là ou il suffisait à un homme d’être le fils d’un ancien Oblath pour lui succéder, une femme devait s’imposer.
Khalida al Wahari était l’une d’elles. Sa force de caractère et sa ténacité, qu’elle tenait de son ascendance Rem’Orcum, l’avait beaucoup aidée et c’est lentement, mais naturellement qu’elle avait atteint sa fonction. La justesse de ses jugements et l’opportunité de ses décisions pour le clan avaient fini par emporter la majorité.

Le soleil se levait donc à peine, mais Khalida était déjà réveillée. Elle avait rendu grâce à Ndriananaharyth pour cette nouvelle journée, puis avait pris son petit déjeuner de fruits et lait de chèvre. Elle s’était rendue ensuite à l’étuve pour faire sa toilette. L’eau était trop rare dans le désert pour être gaspillée en se la passant sur la corps. C’est donc par la sudation dans une étuve, suivi d’un énergique massage que les nomades débarrassaient leur peau de toutes les impuretés.

Puis, Khalida s’était vêtue d’une robe aux couleurs chamarrées pendant qu’une de ses servantes lui peignait ses longs cheveux noirs.
Elle avait passé son long poignard a lame courbe dans sa large ceinture puis était sortie. Une nouvelle journée commençait dans le désert d’Orcum.

Ptayz-Orca, l'Épée du Désert avait déjà ,bien grandie. Deux enceintes fortifiées entouraient maintenant le centre de la cité et les premiers archers patrouillaient déjà sur les chemins de rondes. Bientôt, les premiers champs seraient défrichés et la ville s'ouvrira vers l'extérieur.
Les journées de Khalida étaient routinières, mais elle s'appliquait à son devoir d'Oblath. Tous les matins, elle arpentait la cité, prenant des nouvelles d'un tel, recevant les doléances d'un autre, aidant le berger à faire mettre bas une de ses brebis. Cette proximité avec le peuple la rendait extrêmement populaire. Forte des ses observations du matin, elle convoquait alors son conseil dans la salle d'audience et donnait des ordres afin que telle ou telle chose soit effectuée.
Après un repas austère, elle se retirait deux ou trois heures pour prier Zanaharyth.
La fin de la journée était généralement consacrée aux loisirs, sauf une fois par semaine ou Khalida rendait la justice.

Ce matin, cependant, alors qu'elle marchait dans les rues de sa cité, elle était préoccupée. L'Akathaïadah était au plus mal et sa succession faisait rage à Takkel-Yshma. La décadence aurait elle atteint les côtes de la Souhnak ? Khalida ne pouvait s'empêcher de penser que l'abondance d'eau avait fait perdre aux Rem'Yshmes le sens des vraies valeurs d'Orcum. Que faire ?

Des colporteurs avaient dit que le régent de Radadjathaïadah s'était élevé contre Liana, la fille illégitime de l'Akathaïadah. Peut être ce Rem'Yshme...

Khalida fit demi-tour et rejoignit à sa demeure à grands pas. Elle interpela le premier garde qu'elle croisa :

"Toi ! Fais préparer ma monture et mon escorte ! Je dois me rendre à Radadjathaïadah !"

Lorsqu'elle arriva en vue de la capitale, Khalida eut le souffle coupé. Elle avait souvent entendu parlé de la Sainte Cité, sa beauté, sa gandeur... Mais là ! Tout dépassait au centuple les idées les plus folles qu'elle s'éait faite sur Radadjathaïadah.
Inconsciemment, elle ralentit l'allure, imitée par la dizaine de mamelouks qui lui servait d'escorte.
Elle avançait de plus en plus lentement, impressionnée par la cité et se demandant si elle avait bien fait de venir jusqu'ici, finalement. Elle aurait bien fait demi tour, mais au même moment un cavalier sortait de la cité et se dirigeait vers elle.
L'homme descendit de sa monture et s'inclina devant la jeune femme.

"Akré Khalida Al Wahari, demanda-t-il ?"
"Oui... Oui..., c'est moi, répondit Khalida, troublée."
"Si vous voulez bien me suivre, le régent vous attend."
"Il... Il m'attend ?"
"Oui, Akré ! Il a apprit votre venue et vous attend. Y allons nous ?"
"Euh... Oui... Allons-y... Je vous suis"

L'homme enfourcha de nouveau sa monture et, suivi de la délégation de Ptayz-Orca, pénètra dans la capitale.